JOURNAL CHEMINOT
Pascal Bazilé, le sculpteur de Paris-Pajol

Le chemin de fer suscite-t-il encore l’art ? Inspire-t-il encore écrivains, peintres et cinéastes ?
Pour Christian Lanciot, le responsable Communication de la Région de Paris-Est, la réponse est oui !
Et il en apporte la preuve avec les oeuvres de Pascal Bazilé, sculpteur contemporain. Son atelier est situé à la sortie de la gare de l’Est, et plus précisément dans la gare de Paris-Pajol. Et de ses fenêtres, l’artiste a une vue imprenable sur les voies.

Avec le temps, Pascal Bazilé a appris à vivre dans cet univers qui lui est devenu peu a peu familier.
A en devenir presque cheminot. En tout cas, de coeur, il l’est. «Mais comme si cela ne suffisait pas, Pascal a voulu le prouver et a donc puisé son inspiration dans l’univers du rail », explique Christian Lanciot. Comment ?
« Vivant au contact permanent des cheminots, et en particulier de ceux de la voie, j’ai fini par me faire adopter », rétorque sans ambiguïté Pascal Bazilé.
Et, avec la bienveillante autorisation de Patrice Leroy, directeur de la Région de Paris-Est, il a procédé à une longue récupération de morceaux de métaux abandonnés le long des voies, dans les débords.
Peu a peu, ces objets les plus divers ont commencé à lui parler. Dans son atelier, il leur a donné une nouvelle raison d’exister. Avec pour objectif de les transformer en sculptures, par déformation, soudure, assemblage.

Parmi ces pièces métalliques diverses, on rencontre de vieux outils, pas forcément entiers, ou des morceaux de pièces de matériel roulant, de tracteurs à bagages. Erigeant ses trouvailles au rang de sculptures.
Pascal Bazilé les a, en quelque sorte, anoblies, donnant à chacune de ses oeuvres un nom puisé dans le vocabulaire des cheminots d’autrefois : «suce-mèche », « lèche-bielle », « casse-plume » ou « ramougnat ».

Des expressions tombées dans l’oubli, qui désignaient jadis les allumeurs de réverbères le long des voies, les mécaniciens qui graissaient trop leurs machines, les agents de bureaux, les tubistes qui surveillent les corps de chauffe des machines à vapeur.
Pascal Bazilé s’est ainsi approprié l’univers ferroviaire. Il avoue même que certains agents de l’Equipement, qu’il côtoyait régulièrement, ne se sont jamais rendu compte qu’il n’était pas vraiment des leurs.
Bon nombre de ses sculptures, accompagnées de peintures, car Bazilé est également peintre, ont déjà eu la chance d’être exposées à la Galerie de l’Etoile, dans le « 16 » arrondissement de Paris.

Et, consécration ferroviaire suprême, une de ces sculptures figure désormais en bonne place dans le couloir de la direction de Paris-Est.
Pascal Bazilé ne compte pas en rester là : il va un peu laisser le chemin de fer de côté pour s’intéresser à un domaine sculptural bien différent,les gisants.

Jean-Paul Masse